Elle est policière. Il est cadre dans l'assurance. Elle est célibataire. Il est marié. Ils se plaisent et passent la nuit ensemble. Pour Kate et Benoît, personnes belles et intelligentes qui se croient responsables, cette histoire d'adultère devrait être sans conséquences. Sauf que le destin frappe. Mais n'allez pas dire au réalisateur Noël Mitrani que le destin est synonyme de malchance. Il est tout autant affaire de choix, argue-t-il. Rencontre.
Les gens heureux, beaux, stables, diplômés et avec un bon emploi sont sans histoire. Faux, faux et encore faux. Pour quiconque prend des risques, il y a danger de chute dans le chaos.
C'est le cas de Benoit Gando (Laurent Lucas), cadre français dans une grande entreprise d'assurances. Un jour, en congrès au Canada, il est injustement arrêté par Kate Logan (Alexis Bledel), jeune policière qui le confond avec un violeur en série. Le temps de vérifier son identité, elle multiplie les excuses et le libère.
Quelques heures plus tard, au hasard d'une rencontre, Kate propose à Benoît d'aller prendre une bière dans le bien nommé bar Crocodile. Pour l'un comme pour l'autre, c'est le début d'une descente aux enfers au bout de laquelle Benoît connaîtra un destin tragique. Et qui laissera sa femme Valérie (Noémie Godin-Vigneau) avec plus de questions que de réponses.
Lorsque le film fut présenté aux Rendez-vous du cinéma québécois, une dame assise près du réalisateur Noël Mitrani (Sur la trace d'Igor Rizzi) lui a demandé quand cette histoire avait réellement eu lieu.
«Pour moi, c'est le plus beau des compliments. Car le cinéma sert à recréer la vérité. On veut écrire la vérité, quitte à la tordre», dit le réalisateur, rencontré cette semaine. Or, ici, la vérité explorée est que le malheur ne frappe pas uniquement une classe de la population, une catégorie de gens.
«Ce ne sont pas uniquement des gens instables qui créent des choses instables, défend le réalisateur. Ici, la rencontre de deux personnes provenant d'un milieu équilibré engendre un immense confusion.»
Si un jour, le chemin de Benoît croise celui de Kate, c'est parce que ce dernier a brisé le lacet d'un de ses souliers. Cet événement anodin engendre un effet domino funeste. On croirait ici une savante application du battement d'ailes du papillon qui provoque une tempête à l'autre bout de la Terre. Pas exactement, intervient le réalisateur.
«Le destin est influencé par des choix que nous faisons, dit Mitrani. Il y a toujours une part de choix, de décisions dans le destin. Et si mon personnage masculin connaît un sort tragique, c'est parce qu'il prend une série de mauvaises décisions.»
En effet, Benoît, bonne pâte, mari fidèle jusque-là, succombe au chant des sirènes. Et quand son infidélité risque d'être dévoilée, il est prêt à avaler toutes les couleuvres que lui sert Kate.
Mythomane et insécure
Tout un personnage que cette Kate. Femme-enfant, elle cherche à combler son vide par la manipulation. Elle ne recule devant rien pour atteindre ses objectifs.
«Kate n'aime pas la vie telle qu'elle est, dit Noël Mitrani. Elle est mythomane, insécure et elle a peur du jugement des autres. Elle aime donner une belle image d'elle-même, car elle n'a pas cette impression d'avoir une belle image.»
Pour interpréter ce personnage complexe, Mitrani a fait appel à l'actrice américaine Alexis Bledel, bien connue pour son rôle de Rory dans Gilmore Girls.
Au moment du tournage (octobre 2009), Bledel avait à la fois l'âge et le physique pour interpréter Logan. «Kate est frappée d'une immaturité presque maladive, dit Mitrani. Elle est dans cette période de quelques mois entre adolescente et femme où l'on cherche qui on veut être. Alexis correspondait parfaitement à ce que je voulais représenter. Si nous tournions le film aujourd'hui, elle ne pourrait jouer ce rôle.»
Français d'origine vivant au Québec depuis six ans, Mitrani a volontairement tourné le film en anglais. Parce que cette langue se prêtait mieux à son propos. «Je ne voulais pas de belles phrases, dit-il. Le français est une langue très littéraire. Mais les belles et grandes phrases ne sont pas nécessairement faites pour le cinéma. J'ai une obsession des dialogues simples. Je peux passer de longues heures là-dessus.»
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