samedi 17 février 2018

J’adore ce film, malgré ses imperfections

J’ai vu ce film il y a déjà plusieurs années. J’ai eu l’idée d’en faire la chronique après celle de « Road Games » car ces deux films conjuguent à mes yeux deux aspects essentiels du cinéma : un amour des personnages et une volonté de concurrencer les meilleurs fleurons du polar, malgré leur budget étriqué, soit par l’action, soit par les effets.
Road Games misait sur l’action. Mauvais choix, à mon sens. Mais bon, ça passe.
The Logan Affair reste et demeure sur son personnage principal, d’où le titre du film, tout en essayant, sans excès, d’aller dans la course-poursuite, très hollywoodienne dans l’esprit. Mais sans esbroufe. On n’est pas dans le spectacle pur, mais plutôt dans les effets dramatiques, ce qu’ils sous-entendent…
Mon DVD s’intitule « The Logan Affair », pourtant ce film est connu sous le titre plus complet, et à mon avis plus pertinent « The Kate Logan Affair », car tout est centré sur un personnage, et un seul.
Laurent Lucas est excellent dans ce film, comme dans tous les films où j’ai pu le voir. C’est un acteur prodigieux, l’un de ceux qui relève le niveau d’une production modique, de plusieurs niveaux, juste par l’excellence de son talent. Désolé d’être si dithyrambique avec lui, mais franchement, sans lui, que seraient « Calvaire » ? Je vous le demande ! Pourtant, il a ici un rôle secondaire, de premier importance, certes, mais secondaire. Le premier rôle revient à Alexis Bledel, jeune américaine inconnue de ma part, parfaitement à l’aise dans un rôle complexe, très complexe.
Car Kate Logan est une femme flic intrigante. Au début, on la croit zélée. Elle arrête un pauvre français, venu au Québec pour affaires, au simple motif qu’il « ressemble » à un psychopathe. Puis, elle le libère au bout de quelques minutes, voyant que cela ne colle pas. Mais comme elle se sent « coupable » ou « honteuse » de l’avoir injustement accusé, elle essaie de se rapprocher de lui. Est-ce pour donner corps à son intuition première ou pour s’excuser de la méprise ? Je n’en dirai pas davantage, marre des spoilers !
En tout cas, la jeune actrice fait le boulot. Rien à dire. Elle est vraiment crédible dans ce rôle de femme-enfant totalement irresponsable. C’est ce qui m’a plu dans ce film. Le scénario rend honneur à la complexité de son personnage principal. Perturbée, manipulatrice, fragile, incompétente, elle passera tout le long du film à se dépêtrer d’une situation dans laquelle elle s’est elle-même embourbée. Tout cela est très cohérent ! J’aime beaucoup cette progression dramatique, qui fait de ce pauvre représentant en assurance, un lapinou perdu dans les serres d’un faucon impitoyable. Et pourtant les apparences sont trompeuses. Bravo à cette jeune actrice, sans elle, mon appréciation du film n’aurait sans doute pas été la même…
Ce thriller révèle au final de grandes qualités, et des menus défauts, il faut être juste. Les qualités, j’en ai déjà parlé, les interprètes, le scénario, l’humilité du réalisateur, pour les défauts, je déplore le côté trop « capillotracté » de l’élément déclencheur du drame. Je ne dirai pas de quoi il s’agit, mais bon, c’est énorme, un peu comme dans « Iris », chroniqué par mes soins (pas à ce point, tout de même !)… en somme, malgré ce handicap, le film s’en sort avec les honneurs, j’avoue, j’adore ce film, malgré ses imperfections.

 Par Sékateur