Laurent Lucas et Alexis Bledel dans L'Affaire Kate Logan |
Depuis que nous l’avons découvert dans Harry un ami qui vous veut du bien (Dominique Moll et Gill Marchand, 2000), l’acteur Laurent Lucas incarne le visage de la peur dans notre
cinéma. Il y apparaît comme le français moyen au sens quasiment
« racialiste » du terme : grand, européen, « blanc d’apparence
chrétienne », et pourtant comme sorti d’une moyenne de sondages
Ipsos-IFOP sur les cadres de CSP+ de 45-55 ans abonnés aux cartes de
fidélité de services aériens. C’est donc pour reprendre une blague
canadienne, où L’affaire Kate Logan a été tourné, qu’on dirait
qu’il débarque en « sale français ». Les premières scènes installent la
banalité du personnage : il se réveille, se toilette, s’habille, casse
le lacet d’une chaussure – merde alors – et prend sa voiture. Le temps
d’acheter un café, le voilà menotté par une jeune policière (Alexis Bledel)
qui le confond avec un criminel en vadrouille. L’intuition féminine
sans doute : ça ne peut pas s’arrêter là. Il y a forcément un autre
« Harry » derrière cet agent d’assurances qui connaît par coeur son
discours commercial (belle ritournelle sur les « chances de vie »), et
qui pratique la fidélité en compagnie d’une physicienne nucléaire. On ne
peut pas faire plus stable, si seulement la fission de l’uranium
n’avait comme autre force concurrente le sexe.
On ne sait pas si on part dans une
simple histoire d’adultère ou un thriller. Mais il suffit d’une seule
scène pour comprendre que le scorpion va piquer la grenouille bien avant
d’atteindre la rive. Pour reprendre la vieille métaphore, nous sommes
bien dans un polar, psychologique – pléonasme. Sans trop se fier à la
plastique du duo d’acteurs, cela peut devenir un jeu de distinguer des
deux lequel est vraiment le scorpion, comment et à quel moment il va
plonger son dard. Nous vous épargnons la bande-annonce, hélas trop
révélatrice.
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